Marché des transferts : les gagnants et les perdants

Depuis le 16 janvier et les annonces simultanées de Sauber, Williams et Mercedes, la quasi-totalité du plateau 2017 de Formule 1 est confirmée, à l’exception de Manor dont la présence même en F1 n’est pas certaine. Après une silly season riche en surprises et en rebondissements, il est temps de voir qui s’en sort le mieux et qui s’en sort le moins bien parmi les pilotes engagés – ou non- pour 2017.

LES GAGNANTS :

Valtteri Bottas

Le pilote Finlandais a hérité du baquet le plus convoité de la décennie – à égalité avec celui de Webber en 2013- en prenant la place du jeune retraité Nico Rosberg au sein de l’écurie Mercedes qui, malgré les changements de régulation technique à venir, s’annonce comme l’équipe à battre une nouvelle fois.

Le jour même de l’annonce du départ de Rosberg, beaucoup de fans et quelques observateurs voyaient plutôt Pascal Wehrlein rejoindre l’écurie pour laquelle il a souvent effectué des essais. D’autres encore se plaisaient à s’imaginer Vettel, Alonso ou Verstappen aux côtés de Hamilton pour un line-up explosif. Néanmoins après les différentes mésententes entre les pilotes et le management Mercedes ces dernières années, il est logique que Mercedes ait préféré un pilote issu de son propre giron, histoire d’éviter des problèmes supplémentaires de tempéraments individuels.

Bottas possède un avantage non négligeable face à Wehrlein en F1 : son expérience. Même s’il n’a pas changé d’écurie depuis ses débuts en 2013, Bottas a suivi la progression de Williams depuis quatre ans tandis que Wehrlein n’a qu’une seule saison à son actif avec le plus petit budget du plateau. C’est donc un choix logique que de faire confiance au Finlandais dont, on le rappelle, le manager est un certain Toto Wolff.

Tout ne sera néanmoins pas mis sur un plateau pour celui souvent décrit comme le pilote le plus surcoté de la grille mais avoir comme coéquipier un triple champion du monde dans l’équipe triple championne du monde en titre est une position que beaucoup d’autres pilotes envieraient, d’où sa place de grand gagnant du marché des transferts pour 2017.

Lance Stroll

En plus de ravir à Max Verstappen le rôle du plus jeune pilote de la saison 2017, Lance Stroll voit son avenir se confirmer chez Williams avec le retour de « retraite » de Felipe Massa.

En effet, avec le retour de Felipe Massa pour seulement un an, Lance Stroll consolide sa position chez Williams et peut s’attendre à un contrat de plusieurs années avec l’écurie. De plus, la demande de Martini d’avoir un pilote de plus de vingt-cinq ans pour promouvoir la marque élimine quelques sérieux clients tels que Wehrlein (encore lui), mais aussi Sainz ou Kvyat qui savent qu’ils passent leur dernière année chez Toro Rosso.

Qui plus est, avoir Felipe Massa comme coéquipier à la place de Valtteri Bottas facilite l’intégration de Stroll dans le sens où la comparaison est plus difficile avec un vétéran qu’avec un pilote plutôt frais. En plus d’avoir eu la chance de pouvoir intégrer une équipe de F1 en tant que titulaire à dix-huit ans, Stroll est l’un des grands gagnants indirects de la retraite de Rosberg.

Esteban Ocon

Esteban Ocon a confirmé ses plans pour 2017 avant même la fin de la saison, le faisant passer de Manor à Force India en moins de trois mois ce qui prouve une trajectoire relativement tracée pour le pilote Français.

Malgré une courte carrière en DTM et en demi-teinte, Ocon bénéficie d’un bagage très solide en monoplace avec un titre en F3 et en GP3, les deux acquis en tant que rookie. Placé comme troisième pilote de Renault en 2016, il a bénéficié des problèmes financiers de Rio Haryanto pour accéder à la F1 chez Manor et perturber la dynamique de Wehrlein (encore et toujours).

Au sein du programme très réduit de jeunes pilotes Mercedes, Wehrlein et Ocon sont en concurrence depuis 2015 et l’arrivée du Français depuis le programme Lotus. En étant promu aussi rapidement chez Force India, Ocon prend l’ascendant sportif et psychologique sur Wehrlein afin d’atteindre, peut-être, le sommet Mercedes en remplacement de Hamilton ou de Bottas qui, on le rappelle, ne possède qu’un contrat d’un an.

LES PERDANTS :

Pascal Wehrlein

Omniprésent dans ma première partie, Wehrlein apparait pour moi comme le grand perdant de l’affaire Rosberg. Déjà dépassé par Ocon pour le baquet Force India avant la fin de la saison, Wehrlein a vu une nouvelle fois ses espoirs coupés sous son pied lors de la gestion du départ surprise de Rosberg.

Pilote de réserve Mercedes, Wehrlein apparaissait comme le successeur naturel et choisi en cas de défection chez Mercedes, pourtant plus le temps avançait, moins la possibilité de voir Werhlein chez Mercedes semblait plausible.

Aujourd’hui, Wehrlein doit se contenter d’un baquet chez Sauber, dont la supériorité face à Manor est discutable, et dont la voiture est d’ores et déjà diminuée par un moteur Ferrari 2016 gelé. Mais la situation financière et juridique de Manor n’étant pas réglée, il est plus prudent pour Wehrlein de ronger son frein en 2017 et d’attendre une meilleure option pour 2018.

Nico Hülkenberg

L’autre grand perdant de ces chaises musicales. Le choix de rétrograder de Force India à Renault était très risqué – malgré les conditions déplorables chez Force India– mais ce choix était avant tout motivé par son mentor en formules de promotion : Frédéric Vasseur. Or, ce dernier a décidé de claquer la porte de Renault et ceci n’a fait qu’augmenter la frustration de celui reconnu comme le talent gâché de la F1 de ces dernières années.

Ajouter à cela la frustration de ne même pas pouvoir prétendre au baquet Mercedes et vous aurez toute la complexité de la carrière en F1 de Nico Hülkenberg. Si la perspective d’un premier podium en F1 semble très compromise, le pilote Allemand ne devrait cependant avoir aucun mal à dominer son coéquipier cette saison.

Alex Lynn

C’est bien parce qu’il n’est pas sur la grille de 2017 qu’Alex Lynn est un autre perdant de la silly season. L’ancien pilote Red Bull avait trouvé refuge chez Williams et avait les yeux rivés sur le titre GP2 et aussi sur le baquet de Felipe Massa. Mais des saisons frustrantes chez DAMS et le titre de Stroll en F3 ont eu raison de ses ambitions, jusqu’à annoncer en milieu de saison qu’il ne resterait pas en formule de promotion après 2016.

Après des essais en Formule E où Mitch Evans lui a été préféré, Lynn entrevoyait une chance d’accéder à la F1 avec le départ de Bottas, mais c’était sans compter la demande de Martini d’avoir un pilote de plus de 25 ans aux côtés du tout jeune Stroll, ce qui acheva les ambitions du Britannique de 23 ans seulement. Lynn devrait cependant retrouver un baquet en endurance.

J’aurais pu citer d’autres gagnants à mon humble avis comme Lewis Hamilton ou Daniil Kvyat, ou bien encore d’autres perdants comme Daniel Ricciardo ou Pierre Gasly, mais il me semble bien que dans l’état actuel des choses, les destins de ces six pilotes étaient intéressants à décrypter.

Le plateau 2017 du championnat du monde de Formule 1