Pourquoi as-tu décidé de rejoindre le GP3 au lieu de rester dans les World Series by Renault?

Au début de l’année nous étions presque sûrs d’être en Eurocup, et moi j’avais déjà presque un contrat avec Koiranen pour concourir dans la Formula Renault Eurocup. Après une année un peu décevante qui avait suivi une très bonne, on avait l’impression qu’il nous fallait rester pour gagner au maximum. C’était le plan de départ jusqu’à ce que l’on décide que le GP3 était une très bonne opportunité, on s’est renseignés, on avait fait les derniers tests à Abu Dhabit et ça c’était bien passé. On a discuté avec les gens de Koiranen de la possibilité de rejoindre le GP3. On a finalement réussi à trouver un accord et c’est ainsi qu’on se retrouve ici aujourd’hui. Je pense que c’est un bon pas en avant et quelque chose dont j’avais besoin, surtout en terme de challenge. Je m’amuse déjà beaucoup en GP3 et il me tarde la première course !

La saison dernière tu as remporté le championnat en Formula Renault 2.0 NEC alors que ton équipe, Fortec Motorsports, n’était pas la meilleure. Que penses-tu de cette saison là ?

C’était comme être sur de grandes montagnes russes, mais avec plus de bas que de hauts je crois. On arrivait du NEC avec de grands espoirs pour 2014, on s’attendait à se battre pour le championnat au moins, et tous les tests s’étaient bien déroulés, nous étions toujours dans le haut du classement. Et puis il y a eu ce changement sur les pneus, c’était un mélange légèrement différent pour nous et on ne pensait pas que ça aurait un réel impact, quand on l’a testé on n’a pas vraiment vu de différence. Et je me dis, avec le recul, que l’équipe et moi nous avons tous été un peu longs à nous adapter, et cela c’est aggravé à cause de quelques erreurs de ma part. Mais même les gars de Fortec reconnaitraient que l’année dernière nous n’avions pas la meilleur voiture au début de la saison mais on a travaillé dur et je pense que vers la fin, on était plutôt bons même si c’était trop tard. J’ai fait des erreurs aussi qui nous ont coûté beaucoup, donc je pense qu’entre l’équipe et moi-même notre saison n’a pas été très bonne. C’était très décevant mais j’ai beaucoup appris grâce à ça et j’ai tiré des leçons de mes erreurs, et j’espère ne pas les répéter cette année.

En parlant de pneus, tu avais des Michelin en Formule Renault, en GP3 ce sont des Pirelli, quelle est la différence entre les deux ? Est-ce qu’ils sont différents à gérer ?

Tout à fait, il n’y a pas grand chose à comparer entre les deux. La question serait plutôt “Qu’est ce qui est similaire? » auquel cas la réponse serait : rien. Le pneu est un défi à lui tout seul, mais je l’apprécie, j’aime devoir préserver le pneu au mieux. Pour un jeune pilote, qui veut plus tard courir en Formule 1, c’est quelque chose de nécessaire, on doit pouvoir gérer ses pneus. C’est le gros défi en F1 et ici aussi. On profite de la qualité du pneu pendant un tour, ce qui est cool, mais de savoir qu’on a qu’un seul tour ça vous fait monter l’adrénaline. En temps de course, on doit conduire 5 secondes en dessous du rythme normal, pour les essais nous avons essayé de tenir 40 minutes. C’est un pari intéressant et il me tarde de courir pour de vrai parce que les essais ce n’est pas la même chose. Tu n’as pas la pression des gens derrière toi, c’est donc plus facile de descendre de 5 secondes et de se balader sur la piste, de préserver ses pneus et voir ce qui arrive. Alors que pendant la course, tu as quoi ? 27 pilotes derrière toi qui veulent te dépasser dès le premier tour. Il faut donner le meilleur pendant les 3 premiers tours jusqu’à créer un écart, je pense que ce sera une course intéressante surtout avec les débutants sur la piste. Il faudra aussi faire un bon départ et atteindre les 40 minutes tout en surveillant les pneus. Ce sera dur mais je suis impatient de tenter.

Cette année les courses seront plus longues de 4 tours, est ce que cela sera difficile à gérer ?  Quel rythme penses-tu avoir ?

Bien sûr le fait d’avoir des courses plus longues, 40 minutes pour la première et 30 minutes pour l’autre, aura son effet. Mais on a aussi des pneus Pirelli un peu plus tendres que l’année dernière, prévoir ce que je vais faire est très compliqué. On a découvert en qualifications que la meilleure chose à faire, c’est de lever le pied et d’être 5 secondes plus lent, on table sur 1 :41 secondes pour préserver les pneus dans les premiers tours. Même si on pourrait aller jusqu’à 1 :38 on conduira à 1 :41 en essayant de maintenir ce rythme pendant les 22 tours. C’est comme ça qu’on veut gérer la situation mais comme j’ai dit, on aura aussi des pilotes derrière qui voudront dépasser et qui seront tous sur des rythmes différents. Il faudra essayer de pousser tout en prenant garde de ne pas faire d’erreurs, de ne pas bloquer les pneus ou de ne pas perdre l’arrière car cela peut jouer beaucoup. Ce sera intéressant, surtout du point de vue stratégique.

Que penses-tu de la grille inversée ? Tu viens d’une série où ça n’existait pas, il y avait deux séances de qualifications et ici il n’y en a qu’une avec des points ? Qu’attends-tu de ces qualifications et de la grille inversée ?

On a eu une séance d’essais plutôt bonne il y a quelques semaines. En terme de rythme de qualifications, nous étions plutôt bons, je pense qu’on était même dans le top 5. La grille inversée, c’est quelque chose de nouveau pour moi, je pense que ça donne de bonnes opportunités si on a pas eu une très bonne qualification, on est dans le top 10 et puis on se retrouve dans le top 8. Bien sûr si vous partez de la pole, c’est une excellente occasion d’essayer de remporter la course. Ce sera différent, surtout si je me retrouve en haut de grille dans la première course. Il me faudra essayer de dépasser, ce qui sera aussi nouveau pour moi avec cette voiture. Il faut comprendre la voiture, comment elle se comporte, quand on en suit une autre. Dans l’ensemble je vais surtout essayer de profiter de ce week-end, je sens que je vais beaucoup m’amuser, et je pense que si on peut tout mettre en commun, alors ce sera excellent. La voiture est bien, elle est définitivement solide en condition de courses aussi. J’espère me battre pour la tête de grille, pour la 1ère place, surtout un podium, pour pouvoir marquer des points et bien démarrer la saison. Je pense que c’est important pour commencer.

Quel est ton plan pour la saison ? Quel est ton objectif ?

L’objectif c’est d’être dans le top 3. Mais bon on ne sait jamais vraiment où on se trouve avant la première course. Pendant les qualifs on maintient le rythme et tout le monde utilise ses pneus à des moments différents. C’est très différent de la course où tout le monde sort en même temps, chausse ses slicks au même moment, tout le monde a le même nombre de slicks, c’est à ce moment-là qu’on découvre vraiment son rythme. Ce sera intéressant de découvrir mais j’espère qu’on pourra montrer ce qu’on a montré en qualifs et être dans les plus rapides.

Quels sont les pilotes qui se battront pour le championnat d’après toi ?

Il y a beaucoup de pilotes qui ont l’air très bon. Mais qui est le plus fort ? Je ne sais pas encore, ce serait sans doute mieux de me demander après la course. Ceci dit, je pense qu’on peut dire les gars comme Ocon, Jann Mardenborough, (Kirchhöfer?) Kirchhöfer oui, il a été très rapide aux essays. Je pense que même quelqu’un comme Seb (Morris), mon compatriote, je pense qu’il sera très fort d’ici le milieu de saison… Gilbert aussi, il y a tout un tas de pilotes ici qui pourraient se battre pour le titre, tiens Fuoco aussi. Je pense que ce sera très serré mais avec un peu de chance, on peut espérer être parmi eux et faire un meilleur boulot ! C’est notre objectif évidemment. Mes coéquipiers Eriksson et Fong je ne peux pas les oublier, ils ont été très bons en essais et ils poussent beaucoup. Je pense que de manière générale on a un bon ensemble entre l’équipe et les pilotes, il y a toujours un bon groupe de pilotes, on se motive toujours entre nous à faire toujours un peu plus et on apprend les uns des autres. Je pense qu’on peut s’attendre à une bonne saison, et tant au niveau de l’équipe, qu’au niveau individuel on peut être parmi les meilleurs.

Pendant la course, si tu pars de la 20e place tu dois dépasser, on a vu l’année dernière qu’avec la voiture c’était difficile. Que ferais tu dans ce cas de figure, attaquerais-tu, est ce que tu prendrais le risqué d’abimer les pneus, comment est-ce que tout cela affecte le reste ?

C’est un vrai défi surtout à cause de « l’air sale », quand on suit une autre voiture ça réduit la traînée aérodynamique et ça devient très difficile. Je pense qu’avec ces voitures, il faut presque pousser l’autre pilote pour faire une erreur, l’amener à taper dans ses pneus plus que toi. C’est comme un prédateur qui chasse sa proie. C’est pour ça que c’est difficile mais j’espère que je n’aurais pas à partir de la 20e position. Si jamais ça arrive, on verra ce qu’il faut faire mais je pense que je resterais calme et tenterais de gagner des places petit à  petit, pour rejoindre le top 8. Ce serait évidemment très difficile. Sinon j’essaierais au moins de marquer des points. Il faut se rendre compte que j’ai besoin d’un top 10 pour marquer des points, c’est bien le top 10 n’est ce pas ? Je crois que c’est ça. (Oui oui le top 10 c’est les points et le top 8 est inversé).  Oui c’est ça, c’est presque un peu injuste, avec tous les pilotes qu’il y a, si tu commences cette sacrée course depuis le fond de grille et tu fais du bon travail et finis en 14e ou 13e place, ce serait un très bon résultat parce que ça voudrait dire que tu as beaucoup dépassé mais tu ne marques pas de points, c’est seulement les 10 premiers.  Ce qui va compter le plus c’est d’être le plus régulier possible et de marquer des points à chaque course, et de gagner des courses et de faire des podiums quand on le peut. Ce sera primordial – évidemment qu’il faut des victoires, comme Dean Stoneman et Alex Lynn l’ont fait – ils ont eu une belle avance parce qu’ils avaient remporté beaucoup de courses – mais être régulier compte aussi beaucoup. On peut perdre beaucoup de points en un seul week-end en terminant 11e, ce n’est pas si mauvais mais ça ne ramène pas de points donc c’est comme si on n’avait pas fini la course. C’est donc important d’être toujours dans les points.

Pour moi, la pire chose dans la série c’est la grille inversée. Si tu abandonnes pendant la course, tu dois partir du fond de grille, c’est assez difficile.

Oui tout à fait.

Cette année vous revenez à Sochi, n’est ce pas  ?

Oui oui. Je ne sais pas où j’en serai mais tout ira bien, je ferai ce que j’ai à faire, pour être en bonne place à Sochi, je sais où je vais. Je n’ai jamais conduit sur le Red Bull Ring, ça aussi ce sera une grande première. Cela fait partie du jeu mais beaucoup de pilotes qui n’ont jamais couru sur une piste se débrouillent bien. J’ai l’impression d’être un pilote qui apprend vite et s’habitue bien aux circuits. Je ne pense pas qu’il y aura un quelconque problème de ce côté-là, pour Sochi on l’a déjà revu, on se débrouillera bien là-bas. Je sais comment il tourne et on sait qu’on a une bonne voiture à Sochi vu comment cela c’est passé l’année dernière avec Dean et Eriksson qui ont fait un bon travail. Je suis impatient de courir sur toutes les pistes, c’est excitant que la saison commence enfin.

Pour terminer, nous savons que tu vis en Catalogne, pas loin de Barcelone, que penses-tu des gens là-bas, de la mer …

J’aime beaucoup être ici à Barcelone, je devrais plutôt dire en Espagne, parce que je vis à Sant Feliu.  C’est une ville plutôt ancienne, les gens sont assez traditionnels et il y a peu de gens qui parlent anglais, c’est toujours un peu difficile, mais j’aime bien. Ici je vis vraiment ce qu’est l’Espagne. J’ai quelques amis ici, c’est sympa, et beaucoup de gens m’ont aidé et ont été très sympathiques. Je pense que beaucoup de gens profitent de la plage à Barcelone, moi aussi vu que ça n’est qu’à 40 minutes. C’est un endroit spécial, surtout pendant le week-end, c’est fun, on peut s’y relaxer et il y a toujours une bonne ambiance. C’est toujours un bon moment et j’espère qu’on pourra rester un peu ici (son père interrompt la conversation et met fin à l’interview, ndlr)

Oh papa tu m’interromps alors que j’étais sur une bonne lancée. Ca a été une super expérience ici, c’était bien de sortir de ma zone de confort. J’ai du me dépasser dans mon entraînement et tout le reste. Je m’amuse vraiment beaucoup.